Autoconsommer, c’est produire soi-même pour sa propre utilisation. Lorsque l’on installe du solaire photovoltaïque sur son toit et que les consommateurs électriques du bâtiment utilisent cette énergie, on est autoproducteur et fait de l’autoconsommation.

L’idée d’autoconsommation est plus large que le solaire et s’applique aussi à d’autres énergies (faire son bois de feu) ou encore à la nourriture (faire son jardin). Elle peut être individuelle, comme collective dans le cadre de regroupements, d’associations ou de coopératives. Pour le solaire PV, la collectivisation se fait par la création de regroupement pour la consommation propre (RCP) et des communautés électriques locale (CEL) qui doivent répondre à certaines exigences pour être crées.

Ce site se concentrera à parler de l’autoconsommation photovoltaïque.

La parité réseau: le solaire à un point de basculement

Au delà de la fierté de produire et consommer de l’énergie renouvelable pour un avenir durable, le solaire photovoltaïque (PV) a pris un nouveau virage qui est celui de la parité réseau.

Lorsque le prix de revient du kWh d’électricité produite par une installation PV est moins cher que le prix payé à son distributeur d’électricité, il peut devenir intéressant de produire avec ce moyen et de consommer soi-même sa production dans une logique purement économique. Cela change radicalement le paradigme du solaire.

La parité est donc le point de basculement qui rend le solaire attractif au plus grand nombre, indépendamment de leurs convictions. A partir de la parité réseau, le solaire peut être rentable et les programmes de subventionnement peuvent être diminués progressivement (voir supprimés au final).

Si l’énergie PV devient économiquement compétitive ou proche de compétitive, elle a aussi un intérêt en terme de couverture du risque sur les futures hausses de prix de l’électricité et permet  gagner une certaine indépendance énergétique.

Cette parité n’est pas la même pour tous les types d’utilisateurs: il y a une parité pour des utilisateurs finaux résidentiels, pour des industriels, pour des distributeurs d’énergie, car chacun a des tarifs de l’électricité propres. De plus le prix de revient du kWh venant d’une grande installation mise sur un toit plat d’usine est bien plus faible que le prix de revient pour une petite installation sur le toit d’une villa.  C’est la comparaison du coût de revient du PV avec le prix de l’électricité au réseau sur un site donnée qui indique si on est à la parité ou non.

Dans les pays avec un prix élevé du kWh pour un consommateur résidentiel et un coût bas du PV comme l’Allemagne, cette parité réseau avait déjà été atteinte en 2011-2012.

Le solaire rentable? une première estimation

La parité est maintenant arrivée en Suisse: petite démonstration simple sur le pouce pour un prix en 2020:

  • 8kW de solaire PV coûte autour de 20kCHF
  • Cela va produire 8000kWh/an.
  • Au bout de 20ans, il y aura 160MWh = 160’000kWh produits.
  • Soit un prix de revient de 20000/160000=  0.125 CHF/kWh.
  • 12.5ct/kWh est moins que ce que l’on trouve sur les factures du GRD pour un particulier et qui est plutôt proche de 20-25ct/kWh.

En Suisse le prix de l’électricité n’est pas partout identique. Le solaire photovoltaïque en autoconsommation peut donc être plus intéressant dans une commune ou une autre.

Mais attention de ne pas s’arrêter à ce calcul trop simple!

Parité n’est pas forcément rentabilité…

La parité réseau compare le prix de revient du solaire (LCOE) avec le coût total de l’électricité. Comme expliqué cela est un premier point de basculement à partir duquel il est financièrement intéressant de produire soi-même de l’énergie (… il y a d’autres motivations).

Si on calcul que l’on est exactement à la parité, mais que le taux d’autoconsommation n’est pas de 100%, l’installation n’est pas rentable financièrement. En effet pour prendre le cas extrême: si un utilisateur ne consomme que la nuit et rien la journée, il ne va jamais utiliser son solaire…  Dans ce cas l’énergie solaire est renvoyée vers le réseau électrique qui doit le payer mais à un prix inférieur qui est le prix de reprise. De plus ce prix de reprise est amené à évoluer à l’avenir, probablement vers le bas.

Les calculs se compliquent; voir les détails ici. 

Toutes différence instantanée entre la production et la consommation doivent être compensées par le réseau. Soit il y a de l’excédent solaire qui part dans le réseau, soit il y a un excédent de consommation qui doit être fournit par le réseau. Le taux d’autoconsommation qui est le rapport entre l’énergie consommée directement et l’énergie produite par l’installation PV est un bon indicateur de la corrélation des deux.

Des techniques de pilotage de la charge (DSM : Demand Side Management) peuvent être implémentée pour pallier aux différences ou alors du stockage d’énergie par batterie, mais cela ajoute au coût et peut rendre le système non compétitif.

Prochaine étape: la parité batterie

Quand la différence entre ce que paye le réseau pour l’énergie injectée et le prix d’achat devient plus grande que le prix de revient du kWh stocké dans une batterie, alors celle-ci peut devenir rentable. Cette parité batterie était pressentie il y a longtemps mais attention les calculs ne sont pas tout simple. L’utilisation réelle de la batterie dépend de beaucoup de facteurs. Voir la page sur le stockage.

Évolution des tarifs PV et des prix de l’électricité pour les particuliers en Allemagne. La parité réseau a été atteinte en 2011 (data BMU).

Vue d’ensemble de la problématique énergétique: comprendre les différents acteurs

Il faut encore que des conditions cadrent permettant d’utiliser son énergie soit en place, comme le droit d’autoconsommer et un comptage approprié. C’est le cas de la Suisse depuis 2014.

En effet l’autoconsommation n’implique pas uniquement le particulier qui le réalise, sauf si il est complètement hors réseau, en (offgrid).

La relation au gestionnaire de réseau doit être claire car il a un manque à gagner : son réseau est utilisé mais sans contribution de la part du particulier qui n’y achète plus ses kWh. Pourtant le réseau est essentiel au bon fonctionnement du système: il doit fournir la tension de référence, et compenser les manques d’énergie (la nuit) ou absorber les surplus la journée.

Pour que les différentes parties prenante s’entendent, la loi fixe ces relations dans un cadre bien défini qui est la loi sur l’énergie et ses différentes ordonnances.

Souvent le coût système du PV est négligé et seul le LCOE (Levelized Cost Of Energy) est pris en compte, ce qui ne sera pas correct à long terme. Pour un système durable, les coûts du GRD, devront être pris en compte (tarif d’utilisation du réseau) ou sont reportés sur les consommateurs payants comme aujourd’hui (ce qui est un subventionnement indirect).